"La barbarie la plus terrible du monde contemporain"Alexandre Soljenitsyne
« L'imagination délirante de Turcanu (N.R. : chef des tortionnaires) se déchaînait surtout quand il avait affaire aux étudiants qui croyaient en Dieu et essayaient de ne pas se renier. Ainsi, certains étaient baptisés chaque matin : la tête plongée dans le bac à urine et à excréments, pendant que les autres autour psalmodiaient les chants du baptême. Cela durait jusqu'à ce que le contenu du bac fasse des bulles. »
- Virgil Ierunca, Le « Phénomène » Pitesti Paris, 1981, p.37.
« Dans la soi-disant action de « dépersonnalisation », les étudiants étaient obligés, par des tortures permanentes inimaginables, à trahir ce qu'ils avaient de plus sacré : Dieu, les parents, les frères, les sœurs et les amis. Ils ont été contraints à boire de l'urine et à manger des excréments ! L'homme était ainsi anéanti. Dégoûté par sa propre faiblesse, il ne pourrait plus jamais se redresser devant sa propre conscience. Les souffrances dépassaient la capacité de résistance de l'être humain. » Eugen Magirescu, Le moulin des diables.
- Souvenirs de la prison Pitesti, Editions Fronde, Alba-Iulia - Paris, 1994, p.6
« ...ils m'ont déshabillé, ils m'ont enfoncé dans bouche, avec le manche d'une cuillère, les lanières sales de mes chaussures, ils m'ont couvert de sang, ils m'ont attaché les bras dans le dos, avec une corde, et, avec une autre corde, les pieds. Ce qui a suivi ne peut être décrit... des coups sur la tête, pour m'abrutir ; des coups sur le visage, pour me défigurer ; une pluie de coups dans le dos, sous les côtes, dans le plexus, sur la plante des pieds. Des évanouissement à répétition, et tout recommençait, pendant des heures, et l'œil du judas veillait, veillait toujours. Ils m'ont brisé les os, les poumons, le foie, ils dansaient avec leurs chaussures sur mes os, mes poumons. »
- Eugen Magirescu, Le moulin des diables, in Memoria no.13, p.38
« Cornel Luca, chevauché jour et nuit, a été obligé à avaler une grande quantité de sel (saumure) et empêché de boire de l'eau. Les réactions anatomo-physiologiques ont été terribles. Toute la muqueuse buccale s'est transformé en une plaie. La soif est beaucoup plus atroce que la faim, elle rend fou. Forcé auparavant à boire de l'urine, il l'avait fait péniblement. Il l'aurait fait maintenant, de bon gré, mais on ne le lui permettait pas. Alors qu'il lavait la tinette, aux toilettes, il a porté le torchon à ses lèvres. Quelqu'un l'a vu et l'a démasqué, il a été battu férocement et obligé à avaler de la saumure, pour qu'il ne recommence pas. »
- Viorel Gheorghita, Et ego. Sarata-Pitesti-Gherla-Aiud Brève histoire de mon devenir, Editions Marineasa, Timisoara, 1994, p.154
« Les spectacles à thèmes religieux, des messes noires mises en scène à Pâques ou à Noël, terrifiaient les détenus. A de telles occasions, ceux qui souffraient le plus étaient les étudiants en théologie. Ils étaient habillés en « Christs », avec des soutanes et des étoles souillées d'excréments. Ils étaient obligés de faire des « communions » avec de l'urine et des excréments, et, à la place de la croix, on leur donnait un phallus en savon, que tous les autres étaient obligés d'embrasser. Les autres devaient interpréter des chants d'église sur des textes scabreux, où revenaient toujours les mêmes insultes adressées à Jésus et à la Vierge Marie. Parfois, les détenus étaient complètement déshabillés... »
- Alin Muresan, Pitesti. Chronique d'un suicide assisté – Editions Polirom, 2008
« Des sketch sexuels étaient mis en scène, sur ordre de Turcanu. Le Vendredi Saint, il distribue les rôles : « Marie Madeleine » fait une fellation à l' « âne », « Joseph » sodomise l' « âne », qui, à son tour, met sa gueule sur les genoux de la « très-pute vierge Marie », sodomisée en même temps par « Jésus ». Les rééduqués, dirigés par Turcanu, montraient un plaisir diabolique à se moquer des plus croyants, surnommés les « mystiques ». De telles scènes avaient un effet terrible sur les victimes, dont le seul soutien était, en général, la foi. Or, après ces messes noires, leur foi était complètement ébranlée (...). »
- Alin Muresan, « La Rééducation par la torture », in Memoria, no. 4/2006
« Ils vous obligeaient à finir le pain en trois bouchées ou, au contraire, à garder le pain dans la bouche pendant des journées ; manger dans l'« auge » la nourriture brûlante, les bras attachés dans le dos, donc sans pouvoir s'en servir ; sur le ventre ou à genoux, penché au-dessus de la gamelle, pendant qu'ils vous donnaient des coups secs de botte, le gruau chaud vous brûlait et couvrait le visage ; des quantités énormes de sel étaient ajoutées dans la nourriture, après quoi, pendant des jours, ils ne vous donnaient pas d'eau, et puis de l'eau avec beaucoup de sel dedans. »
- Costin Merisca, La Tragédie Pitesti. Une chronique de la « rééducation » des prisons communistes, Institutul European, Iasi, 1997, p.68
« Avec une furie indescriptible, ils ont commencé à le frapper, avec les poings, les bâtons, les pieds et se le jeter de l'un à l'autre, jusqu'à ce que le misérable, couvert de sang, tombe sans connaissance et ne se relève plus. Après quelques autres coups de pied sur la tête, deux l'ont balancé sur le « lit », l'obligeant à garder les mains dans ses poches et la tête baissée, comme cela lui avait été ordonné. Un autre l'a suivi, et puis un autre encore, comme dans une danse diabolique, destinée à briser la dernière goutte de résistance physique et morale de ceux qui entraient dans leur jeu forcené. »
- Justin Stefan Paven, « L'Enfer Pitesti », in Memoria, no.22, p.66